Changement climatique Les arbres en ville menacés
Des scientifiques alertent sur la vulnérabilité des arbres plantés en ville face au dérèglement climatique. Les températures élevées et les faibles précipitations pourraient mettre en péril une grande partie des espèces plantées.
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Environ trois quarts des arbres et arbustes plantés en ville seraient menacés d’ici 2050 par un climat plus chaud et plus sec. C’est la conclusion d’une étude franco-australienne publiée le 19 septembre 2022 dans la revue Nature Climate Change.
Les arbres en ville améliorent la qualité de l’air, la qualité de vie des citadins, et rafraîchissent l’air ambiant. Ce dernier point est de plus en plus recherché, avec les périodes de canicules et de sécheresse désormais récurrentes. Les arbres permettent de lutter contre les îlots de chaleur en ville, plus fréquents avec le changement climatique en cours. Mais, problème : ces mêmes arbres souffrent de ce changement climatique. Dans certains cas, ils risquent de ne plus être en état de remplir leur rôle.
Les températures trop élevées, au-dessus des limites tolérées, ou les faibles précipitations, en-dessous du minimum vital, vont entraîner un affaiblissement et une baisse de croissance des végétaux, voire menacer leur survie. Des espèces communes comme les frênes, chênes, érables, peupliers, ormes, tilleuls, ou marronniers font parties des plus de mille espèces d’arbres et arbustes identifiés par la nouvelle étude comme étant à risque.
Un risque pour environ 60 % des espèces en ville
A l’heure actuelle, ce sont environ 60 % des espèces présentes en ville qui sont déjà en situation de risque. Et d’ici 2050, jusqu’à 75 % sont concernées. Et ces chiffres sont prudents. L’étude de tient pas compte de l’étalement urbain qui pourrait avoir lieu dans les années à venir, ni des phénomènes météorologiques extrêmes, ni des effets des ravageurs et maladies, favorisés par les nouvelles conditions climatiques.
De plus, dans leur scénario d’étude, les scientifiques se sont basés sur un scénario d’émissions moyennes (appelé RCP6.0), soit environ +2°C d’ici 2100. Un scénario qui paraît de plus en plus difficilement atteignable.
Selon les villes, les conséquences seront différentes, de part les essences déjà plantées. Dans certaines agglomérations, la couverture arborée est dominée par quelques espèces. L’impact varie donc selon que ces espèces majoritaires sont menacées ou non. Mais la base de données utilisée pour l’étude n’inclut pas ces informations.
En France, cinq villes étudiées
Sur un total de 164 villes à travers le monde, cinq villes françaises ont été étudiées : Paris, Bordeaux, Montpellier, Grenoble et Lyon. Ce qui représente un total de 506 espèces différentes d’arbres et d’arbustes.
L’étude conclut qu’à horizon 2050 :
. 71 % des espèces d’arbres et arbustes de ces cinq villes françaises seront en situation de risque vis-à-vis de l’augmentation des températures moyennes annuelles ;
. 69 % des espèces seront à risque vis-à-vis de la diminution des précipitations annuelles ;
. et 49 % des espèces seront à risque pour les deux phénomènes à la fois.
A Montpellier, c’est même 83 %, 66 % et 55 %, respectivement.
Parmi les essences les plus à risques : le frêne commun, l’aulne blanc, le pin sylvestre, l’érable plane, le peuplier tremble ou encore les tilleuls à petites et grandes feuilles.
Quelles mesures prendre pour les gestionnaires d’espaces verts ?
Les auteurs rappellent qu’il existe des solutions pour aider la transition vers un climat plus chaud et sec dans les années à venir. Par exemple, en diminuant les surfaces imperméabilisées, pour que les racines puissent accéder à l’eau.
Mais la meilleure stratégie consiste peut-être à planter plus arbres et d’arbustes, en privilégiant des espèces résilientes. Lors de la plantation, privilégier les essences résistantes au stress hydriques, et si possibles indigènes.
Les résultats de l’étude mettent à disposition des informations sur les espèces d’arbres et arbustes les plus à risques et pour lesquelles un suivi sanitaire sera nécessaire, mais aussi celles qui sont les plus résilientes aux changements.
Léna HespelPour en savoir plus (publication scientifique) : Climate change increases global risk to urban forests, Manuel Esperon-Rodriguez et al., 19 septembre 2022, Nature Climate Chang.
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